Marketing Digital : 7 questions à se poser avant de lancer son entreprise

#Startup : « Il faut construire des leaders, pas se gargariser de l’argent investi » – Boris Golden

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    En 2017, l’écosystème startup a explosé et enregistré des records. Les lieux, les programmes d’accompagnements, les évènements, les startups et les levées de fonds se sont multipliés. La “startup nation” Française s’impose petit à petit sur la scène internationale et a même, en 2017, dépassé pour la première fois le Royaume-Uni en nombre de transactions.
    Pouvons-nous en conclure que l’écosystème Français est arrivé à maturité ou qu’il va encore poursuivre son développement ? L’accroissement des fonds disponibles est-il le signe d’une bonne santé de l’écosystème ou au contraire d’un phénomène de pré-bulle ? Et dans quelle mesure l’arrivée des levées en ICO change-t-elle les règles du financement des startups ? Nous avons discuté de l’écosystème, de sa croissance et de ses conséquences sur le monde de l’investissement avec Boris Golden du fond d’investissement Partech Ventures.

    Interview Boris Golden, Principal chez Partech Ventures

    Comment l’écosystème startup a-t-il évolué ces 10 dernières années en France?

    Avant d’être VC, j’étais chercheur en informatique, puis entrepreneur. Après ma deuxième startup, en 2010, j’ai eu la chance d’être mentor dans 2 accélérateurs, ce qui m’a donné envie d’accompagner des entrepreneurs. Je préfère parler de capital risque plutôt que d’investissement, parce que le travail d’un VC (Ndlr : Venture Capital) va bien au-delà d’un apport d’argent. Je suis passé du côté « VC » depuis 2015 seulement, je ne peux donc pas bien comparer l’écosystème côté VC d’aujourd’hui à celui qui existait 10 ans en arrière. Mais ce qui est certain, c’est que cela a beaucoup évolué, ne serait-ce que depuis 3 ans, tant au niveau du nombre d’acteurs, de leurs typologies que de l’argent disponible. L’écosystème est clairement en pleine explosion. Chez Partech Ventures, on a une assez bonne vision des écosystèmes internationaux, car nous investissons dans des startups aux US, en Europe, en Asie et en Afrique, depuis 4 bureaux (San Francisco, Paris, Berlin, Dakar), avec une amplitude d’investissement allant de 200k€ à plusieurs dizaines de millions d’euros. À l’échelle globale de Partech, si l’on regarde le nombre de deals et l’argent investi, la France est peut-être l’écosystème qui accélère le plus vite.

    Est-ce une conséquence « positive » du Brexit sur la France ?

    Londres était et reste encore un grand pôle pour les startups, il ne faut donc pas le donner pour mort ! Mais c’est certain que le Brexit n’a pas aidé Londres, notamment pour les boites qui hésitaient sur leur implantation européenne. En ce sens, le Brexit a fait gagner en compétitivité Paris et Berlin. Au-delà du message du Brexit qui n’est pas très optimiste, il pèse aussi une incertitude économique et légale qui dissuade des startups étrangères de s’y installer. Mais je pense que le point le plus difficile à gérer pour les startups UK concerne le recrutement de talents, européens, mais aussi internationaux, qui sont dans le flou quant à leur statut. Il y a déjà tellement de risques inhérents à une aventure entrepreneuriale, que si l’on peut éviter d’ajouter ce type de risque, c’est toujours bienvenu ! Dans le même esprit, l’indépendance potentielle de la Catalogne suscite aussi beaucoup d’interrogations et a déjà eu un impact économique visiblement non négligeable, y compris chez les startups.

    Trop d’argent trop tôt, peut être assez néfaste pour une jeune startup

    D’après toi est-ce que l’écosystème startup en France a aujourd’hui atteint le stade de la maturité ?

    Je ne prédis pas l’avenir, mais mon opinion c’est que l’on est en pleine construction. Il y a encore assez peu de startups qui emploient des centaines de salariés ; les « Criteo » de demain sont en plein développement. Les jeunes boites sont en train de grandir et vont pour certaines d’entre elles devenir de très belles entreprises technologiques françaises, que l’on nomme souvent par abus de langage « licornes ». Je n’aime pas trop le terme de licorne parce qu’il se focalise sur le seul critère de la valorisation. De ce point de vue là, les années à venir seront très positives et permettront la construction de vraies belles boites tech françaises. Concernant le nombre de startups financées, il y a eu, ces dernières années, une explosion. Je ne suis pas sûr, en revanche, qu’à l’avenir le nombre de startups financées soit amené à encore augmenter. En volume, on devrait rester à un niveau stable, voire peut être légèrement diminué, car on a probablement atteint un relatif plafond concernant les acteurs publics et privés, qui investissent dans l’écosystème startup.
    Les chiffres encourageants du nombre de startups financées sont au moins autant le reflet du dynamisme du monde de l’investissement que l’indicateur d’un écosystème de qualité. Évidemment, c’est très positif parce qu’il faut de l’argent investi pour faire de beaux projets.
    Mais au final, le juge de paix sera la capacité de l’écosystème à construire de belles entreprises qui auront des impacts sur l’économie et deviendront des leaders français, européens et mondiaux. L’objectif final à garder en tête est celui-ci, il ne faut pas se gargariser de l’argent investi ou se comparer en permanence à nos voisins européens. L’argent est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour construire des leaders. Et aussi, on constate souvent que trop d’argent trop tôt peut être même assez néfaste pour une jeune startup !

    Sur les tours qui se jouent actuellement à 15 millions, on est en train de parier sur des boites qui peuvent faire des sorties autour de 300 millions.

    2017 est certainement l’année où les fonds d’investissement ont levé le plus d’argent. Est-ce qu’il y a suffisamment de bonnes startups pour absorber tout cet argent ?

    Les bons projets, vus d’un VC, qui a des critères et des attentes très particuliers et sélectifs, ça ne court pas les rues. Pourtant, il est logique que l’argent des VC à investir soit en augmentation, notamment du fait d’une transition économique et sociétale vers le numérique, l’innovation et les startups. Mais la vitesse de l’augmentation des fonds disponibles est en effet très importante et on est très nombreux dans l’écosystème à se dire qu’il y a beaucoup d’argent. Est ce qu’il y a trop d’argent je ne sais pas répondre à cette question. On relèvera les compteurs dans un petit moment, mais le fait qu’il y est beaucoup d’argent pose évidemment des questions sur les choix d’investissement. Dès lors qu’il y a plus d’argent investi, il y a plus de concurrence, donc les valorisations peuvent s’envoler. En tant qu’investisseur on doit se poser ces questions pour que l’écosystème reste pérenne et que l’argent ne finisse pas par être investi à tort et à travers dans des startups qui n’ont pas la maturité pour absorber cet argent. Il convient aussi à chaque investisseur de savoir se positionner sur ce marché, investir dans des conditions raisonnables, et pouvoir vraiment délivrer la promesse d’apporter plus que de l’argent.

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    Pour une startup, l’argent c’est comme un moteur avec de l’essence. Si on en met trop, ça peut étouffer le démarrage. Le fait d’être contraint en ressource (ce qui ne veut pas dire sur-contraint et bridé dans ses ambitions) est souvent une bonne chose pour construire une boite saine. Plus on embauche et on alloue des budgets conséquents, plus on devient un gros navire, moins on est agile, réactif, et donc le management et les changements de cap deviennent plus difficiles. La contrainte amène la souplesse et la créativité. C’est en allant vite qu’on va créer des champions, mais il faut aller vite au bon moment. On voit de plus en plus de startups qui veulent lever vite et beaucoup et c’est souvent une erreur. Avant d’avoir vraiment validé le product market fit, ce n’est pas vertueux de dépenser trop d’argent. Au début, c’est indispensable de bien comprendre son positionnement, son marché, son produit, sa promesse, sa techno… Certaines startups doivent pivoter plusieurs fois avant de trouver le bon produit ou le bon marché ; le fait d’être petit permet de garder cette capacité d’agilité de pivot. C’est souvent plus probant quand l’entrepreneur garde son énergie du début sur les vrais sujets de construction de sa boite, plutôt que la passer dans le recrutement et le management de profils… dont il n’a peut-être pas encore besoin. Ensuite évidemment, lorsque l’on a bien compris le modèle, l’argent est un véritable levier. Encore faut-il faire attention à ne pas grossir trop vite, car la croissance très rapide est très complexe à gérer et peut aussi tuer des boites.

    Est-ce que « trop » d’argent à investir engendre forcément une survalorisation des startups, et un risque de bulle?

    De manière très pragmatique, dans la durée, pour que notre travail en tant qu’investisseur soit justifié, il nous faut des retours sur investissements. Au-delà de l’impact sur l’économie, en tant que VC on doit s’assurer que ceux qui nous ont confié de l’argent, et qui ont des attentes financières, trouvent un retour sur leur investissement satisfaisant, sous peine que cet argent soit investi ailleurs.
    C’est notre juge de paix, et le fondement de la création de valeur d’un fonds d’investissement au-delà de la valeur globale que l’on peut apporter à l’écosystème. Et pour qu’un retour sur investissement soit bon, cela dépend de 2 données : la valeur d’entrée et la valeur de sortie. Les questions à se poser sont : est-ce que les valeurs d’entrées aujourd’hui sont raisonnables et est-ce que les valeurs de sorties seront à la hauteur ?

    Les sorties ne suivent pas encore les valorisations qui sont aujourd’hui accordées à beaucoup de start-up

    Est-ce qu’en France les valeurs de sorties sont satisfaisantes ? Par exemple Teads, l’une des plus belles exit de startups françaises, est en dessous des 300 millions d’euros.

    Teads, c’est une très belle histoire ! Partech était investisseur chez eux et on est très content. Mais oui, ça n’a pas fait un Criteo avec le franchissement de l’étape mythique du milliard de valorisation et de l’entrée en bourse. Mais pour élargir le sujet, de manière très pragmatique, les sorties ne suivent pas les valorisations qui sont aujourd’hui accordées à beaucoup d’entreprises, par des investisseurs parfois peu expérimentés. Si tu fais un calcul basique sur les boites qui lèvent 15 millions, ce qui est de plus en plus fréquent, on peut raisonnablement penser que la valorisation est proche de 60 millions d’euros après le tour. On parle ici de boites qui sont encore risquées et qui suscitent encore de nombreuses questions de développement. Pour un investisseur en capital risque, les investissements fructueux doivent aussi compenser ceux qui le sont moins pour équilibrer le portefeuille. Donc sur les tours qui se jouent actuellement à 15 millions, on est en train de parier sur des boites qui peuvent faire des sorties autour de 300 millions.
    Et dernièrement, les sorties proches de 300 millions, à part Teads, Compte Nikel et peut-être Zenly (dont le montant exact n’a pas été communiqué), il y en encore peu à date. Le pari aujourd’hui des tickets à 15 millions c’est de dire que dans 6, 7 ans ce type de sorties seront plus courantes, ce que nous souhaitons tous car cela sera la preuve du succès grandissant de cet écosystème et de sa capacité à créer une valeur économique profonde. Mais cela dépend d’un ensemble d’éléments sur lesquels on n’a pas la main : la volonté de la part des corporates français et européens d’être de plus en plus dans des démarches d’acquisition significatives, l’envie grandissante de corporates US ou chinois de venir racheter des startups françaises, etc. Il y a des bons signaux bien sûr, mais on ne peut pas être sûr à 100% que ça va se produire !

    Est-ce que les ICO vont disrupter les VC ?

    Il y a eu des levées spectaculaires en ICO et ça a beaucoup fait parlé. Si l’on regarde certaines des levées spectaculaires, comme cette boite qui a levé 30 millions en 30 secondes, on comprend rapidement qu’il ne s’agit pas d’un modèle pérenne d’investissement dans l’état actuel. Aujourd’hui, je ne pense pas que les VC soient en concurrence avec les ICO. Les ICO sont réservées à un tout petit nombre de boites qui ont les tokens au cœur de leur business model. Même pour ces entreprises-là, toutes n’ont pas les capacités marketing de mener une opération en ICO et toutes n’ont pas envie de gérer les contraintes associées à la gestion de la communauté qui a investi. Et au-delà du cash, le VC doit apporter de l’accompagnement, de la méthodologie, la capacité à partager les bonnes pratiques de structuration, de croissance, etc. C’est encore très tôt pour avoir une vision parfaitement éclairée, mais aujourd’hui je suis assez peu sensible au discours alarmiste qui prédit que les ICO vont disrupter les VC. Cependant, d’autres initiatives comme Angelist où les syndicats de business angels  peuvent se constituer beaucoup plus facilement, se rapproche potentiellement plus de l’activité de VC très early-stage, avec des personnes derrière qui peuvent déployer du temps, des connaissances et du réseau pour les startups.

    Pour autant, je trouve que l’ICO peut avoir du bon une fois que le hype sera passé. L’idée de fonctionner avec une monnaie virtuelle, pré-vendue pour offrir à la fois aux gens la possibilité de l’obtenir moins cher et pour la boite d’obtenir des liquidités, c’est très vertueux. Cela permet de s’assurer de l’appétence d’un marché pour un produit, avant que celui-ci soit disponible. Mais je vois à date plutôt une complémentarité entre les ICO et les VC, de la même manière que l’on a vu de nombreuses startups lever auprès de VC après avoir obtenu un financement sur Kickstarter. Quand une boite vend sur Kickstarter 150$ un produit qui sera ensuite vendu 300$, elle aura besoin d’argent pour financer tout ce qui reste après le premier lot de production : les salaires, la R&D, le marketing, etc. Toutes les dépenses annexes à engager pour avoir la capacité de produire nécessitent des fonds supplémentaires.

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